Long live to the queen ♕ Andraste Dulys

Tandis que sous son règne la ville retrouve sa prospérité et ses couleurs d’antan, Andraste demeure une souveraine très appréciée par son peuple. Son tempérament, sa personnalité, semble incarner à merveille l'essence et l'identité-même de sa cité.  Andraste est une reine joyeuse, passionnée, clamant à la foule discours et palabres enflammés sur la grandeur et la beauté de sa cité. Une grande amatrice surtout, des plaisirs terrestres, réputée pour son goût prononcé des festivités, de la boisson et des plaisirs de la chair. Très attachée et fière des traditions de la ville qui l'a vu naître, elle se prête elle-même volontiers au jeu des masques, duquel elle en demeure une fervente défenseure.  Andraste est plus largement une femme au tempérament passionné, aimant et désirant les belles choses, quelles qu'elles puissent être ;  les objets, tableaux, sculptures, étoffes, la musique ou le théâtre. Une véritable amoureuse des arts, elle-même musicienne, prenant très à cœur le rayonnement culturel de sa cité.  

Une souveraine néanmoins loin d'être oisive comme des étrangers mal avertis pourrait se l'imaginer. Malgré son tempérament volage, Andraste dirige d'une main de fer Anthipre, refusant bien souvent que l'on se mette en travers de son chemin. Sa détermination sans faille impressionne, et nombre de citoyens d'Anthipre attribue le renouveau qu'a connu la cité à ses politiques souvent ambitieuses. Car Andraste ne fait jamais dans la demi-mesure ; son fort tempérament ne tolère pas la critique, ni les obstacles. Pragmatique, la souveraine fait aisément fi des convenances éthiques ou morales, si ces dernières entravent sa politique. Cependant, la reine n'est pas dupe et sait maquiller de sourire et de démagogie de telles manœuvres. Aussi habile dans la maîtrise des mensonges que des illusions, Andraste s'avère bien plus calculatrice que ce que son image de joyeux luron ne voudrait bien le faire croire… Peut-être peut-on  aussi lui reprocher son égocentrisme ou sa mauvaise foi, qui ne lui permettent jamais d'admettre ses torts, en plus de  la rendre parfois bien trop sûre d'elle...

Loin de la couronne, des portraits officiels et des discours, Andraste dans l'intimité demeure globalement la même. Tout aussi méfiante qu'au sein du jeu politique, la dame n'accorde pas aisément sa confiance. Malgré tout, une fois acquise, Andraste sait se montrer d'une loyauté sans faille. Très maternelle et protectrice envers ceux qu'elle chérit sincèrement, la reine peut devenir une véritable louve si l'on touche à un seul cheveu de ses protégés. Un amour sans faille et débordant, qui peut parfois devenir étouffant ; Andraste aime sincèrement, mais ses sentiments sont teintés d'une possessivité maladive. La reine désirerait posséder les sentiments comme elle possède ses belles oeuvres d'art, supportant toujours très mal de voir ceux qu'elle chérit s'éloigner d'elle… C'est particulièrement le cas de ses enfants, qui souffrent de cet amour maternel si envahissant.
   

HISTOIRE

Cela faisait près de 8 ans qu'à Anthipre, que la seconde épouse du roi déjà vieillissant enchaînait les fausses couches. Des rumeurs soupçonnaient pourtant l'existence de quelques royal bâtard, que le roi gonflé d'orgueil refusait de légitimer. « Pourquoi pas faire d'un vulgaire manant un roi tant qu'à faire !». Non, seul un digne héritier serait à même de prendre sa place. Un jour cependant, la reine parvint -au péril de sa vie cependant-, à donner la vie à non pas un, mais deux enfants. Des jumelles, bientôt nommées Andraste et Rose, la dernière d'une demi-heure seulement l'aînée. Après tant d'années, le roi avait enfin obtenu ce qu'il désirait le plus… Qu'importe au fond que sa royale épouse l'ait payé au prix de sa vie -il en aurait changé de toute façon si elle s'était avérée infertile-.

Petite Andraste ainsi grandit malgré la perte de sa mère au sein d'un cadre privilégié ; un train de vie aisé et une éducation de qualité, digne de son statut princier. Qui plus est cadette, Andraste n'était pas prédestinée au trône. Cela de toute façon l'arrangeait bien ; car très vite la petite fille avait compris que la couronne relevait bien plus du fardeau que du privilège. Au moins jouissait-elle d'une plus grande liberté par rapport à sa sœur aînée.
Malgré tout, Andraste n'était jamais tout à fait heureuse. Sans cesse comparée à sa jumelle qui semblait la devancer en tout, elle étouffait. De l’arithmétique à l'escrime, en passant par l'équitation ou la littérature, Rose semblait toujours la dépasser en tout point. Alors quand les précepteurs ou les courtisans comparaient les deux sœurs, Andraste irrémédiablement demeurait dans l'ombre de sa lumineuse et parfaite grande sœur. Pire encore, le roi leur père n'avait de toute façon d'intérêt que pour son aînée, sa fille préférée -et ne s'en cachait pas-. Ce roi  dur et austère et qui demeurait si froid avec Andraste, s'attendrissait en présence de Rose. Les compliments, les sourires, n'étaient jamais adressés à la cadette, peu importe les efforts qu'elle pouvait fournir pour désespérément attirer son attention.
Rongée par la jalousie et l'envie, Andraste était une enfant mal dans sa peau, qui ne trouvait le réconfort que dans une seule discipline : la musique. Seul domaine dans lequel elle surpassait sa sœur, Andraste se réfugiait souvent dans le chant et la harpe -instrument qu'elle affectionnait tout particulièrement-.

Les années passèrent. Quand Andraste eut 11 ans, son père décida subitement d'en faire une future magus. Après tout, sa défunte épouse avait elle-même exercé ce rôle, alors peut-être sa bonne à rien de fille cadette pourrait-elle avoir hérité de quelques facilités dans ce domaine. Dès qu'elle fut en âge, Andraste aussi intégrait l'Académie. Curieusement, malgré ce choix qui lui était clairement imposé, la jeune fille ne protesta pas, au contraire : il s'agissait d'une opportunité pour elle de se différencier de sa jumelle. Un moyen aussi pensait-elle naïvement au départ, de contenter et d'attirer l'attention de son géniteur.

Andraste à l'académie n'était pas excellente, mais demeurait un bon élément. Elle travaillait avec sérieux et acharnement, et prenait un certain goût à l'étude de la magie. Elle avait choisi l'étude de l'exponencia des illusions, et aimait chanter ses formules comme des mélodies. Fascinée par l'Enkeliääni dont elle avait entendu parler dans certains livres, il s'agissait peut-être d'un moyen pour elle de reproduire à sa manière cette magie qu'elle ne pourrait jamais étudier.  Toujours autant éprise de musique, Andraste mêlait de toute façon souvent ses illusions à sa pratique musicale. Ces années loin du palais constituaient de manière plus générale, une véritable bouffée d'air frais pour l'adolescente qu'elle était alors. Quelques années de répit, loin de la cour et de l'ombre pesante de sa sœur. Tandis que les années défilaient et que la fin de son cursus approchait, un projet avait même fini par germer : Andraste projetait une fois son diplôme en poche, de fuir Anthipre et de vivre de sa musique. Voyager de cité en cité, vers toutes ces contrées qu'elle n'avait bien souvent connu que dans les livres. Vivre pauvrement, au grès du vent, mais surtout, librement. Andraste pourrait enfin être Andraste, et rien qu'Andraste. Pas la princesse cadette d'Anthipre. Pas ce que son père avait décidé qu'elle deviendrait.  

Et puis un jour, le rappel à la réalité. Brusque, violent, imprévisible. Andraste reçoit une missive urgente du palais. Rose venait de disparaître, foudroyée par une maladie. Cette sœur, dont la réussite ne lui avait tout sa vie inspiré que jalousie et envie, que souffrance et complexes -et dont elle avait souvent espéré la disparition- venait de mourir. Réellement. Mais avec sa perte, c'est à Andraste que devait désormais revenir le fardeau de la couronne. Plus de liberté, de rêves d'une vie de voyage et de musique : sa destinée avait été scellée par ce tragique décès : son  existence serait désormais liée à la couronne, qu'elle le veuille ou non. Alors ce géniteur dont elle avait à une époque tant cherché l'attention, devenait son geôlier. Plus dur encore qu'avant, il reprit d'une poigne de fer l'éducation de sa cadette, afin d'en faire l'héritière qu'il attendait. Mais son intérêt pour Andraste n'était que de convenance, parce que la vie le lui avait contraint. Son attitude à son égard devint même pire, passant de la froideur à une volonté de contrôle et d'emprise total sur sa fille. Il se montrait exigeant pour tout, mais n'était jamais satisfait des efforts de sa fille, quoi qu'elle pouvait faire. Il ne faisait que la comparer à sa défunte aînée, et reprochait ouvertement à sa cadette de ne pas être à sa hauteur. Même disparue, Rose demeurait. Sa présence, étouffante, hantait toujours Andraste.

An 584. Le précédent monarque s'éteint, quelques années seulement, après sa fille. Le roi est mort, vive la reine. Un mois plus tard, Andraste 1ère du nom est officiellement couronnée et intronisée à sa demande en grande pompe, lors des festivités du carnaval d'Anthipre, marquant dès le départ une véritable rupture avec son austère prédécesseur. Du pain et des jeux. Andraste ne l'avait que trop bien compris. A peine âgée de 21 ans, la royale demoiselle déjà endurcie s'était préparée au monde hostile de la politique, et sut rapidement user de son image publique à son avantage. Elle allait en faire un instrument de communication politique très efficace.

Andraste dès le départ, refuser de partager son pouvoir, ou son influence. Fermement opposée à l'idée de se marier, la reine créa un premier scandale à la naissance de son fils aîné, Zéphyr. Légitimé et officiellement inscrit sur l'ordre de succession au trône, malgré une paternité bien incertaine.. Qu'importe, car Andraste eut la brillante idée de mettre en scène sa naissance, d'en faire un moment de grande festivité au sein de la ville. Aussitôt mère, la souveraine remarqua aussi que la figure maternelle qu'elle pouvait incarner s'avérait particulièrement utile pour apprivoiser son peuple. Là son austère prédécesseur se tenait à bonne distance de son peuple, Andraste savait créer l'illusion d'une proximité. Chaque prétexte était pour elle un bon moyen de proclamer un vif discours enflammé, de faire des bains de foules ou d'organiser de grandes festivités masquées -sous couvert de bonne intention-. Plus que la crainte, Andraste avait compris que l'affection était un sentiment efficace en politique. Son image de femme proche de son peuple, joviale et bonne vivante tendrait à faire oublier sa pratique autoritaire et dénué de compromis du pouvoir. Les effets des stratagèmes ne tardèrent de toute façon pas à porter leurs fruits ; ses politiques drastiques permirent à Anthipre de connaître un nouvel essor économique, faisant de la ville une destination attractive pour les touristes, intéressés par la vie nocturne de la ville des lumières...

Après près de 16 ans de règne, la Reine Andraste 1ère du nom demeure appréciée de ses citoyens. Sa politique certes sans partage ou compromis apparaît malgré tout efficace aux yeux des Anthipriens, qui constatent que leur ville a retrouve petit à petit ses couleurs. Mais à quel prix..?